La vox Eskimaux dans l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert: archéologie d’une dissonance cognitive

  • Giulia Bogliolo Bruna

Résumé

La vox Eskimaux dans l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert: archéologie d’une dissonance cognitive – Dans une conception euro-centrique de l’humanité, caractérisée par une unicité d’essence et une variété d’attributs, les Esquimaux incarnent, dans l’Encyclopédie
de Diderot et d’Alembert, l’archétype même du Sauvage, barbare et anthropophage, «sans lois, sans police, sans religion». Cette communication se propose d’explorer la genèse et l’évolution de cette image stéréotypée et stigmatisante telle qu’elle est véhiculée par la vox éponyme de l’Encyclopédie, rédigée en 1755 par le polygraphe et érudit Chevalier Louis De Jaucourt. Le manque de rigueur scientifique et l’instrumentalisation des références bibliographiques interrogent. Source princeps, l’Extrait d’une lettre de Ste Helene, du 30 Octobre 1751, où il est parlé de la nation des Efquimaux n’échappe pas à la règle: largement censuré, il est réduit à l’anonymat. Nous sommes néanmoins parvenus à en identifier l’Auteure en la personne de Madre Marie-Andrée Duplessis de Sainte-Hélène, qui avait adressé la missive à son amie d’enfance Marie-Catherine Homassel-Hecquet. Celle-ci avait pris la liberté d’en publier un extrait en annexe de son ouvrage Histoire de Mlle Le Blanc jeune fille sauvage retrouvée dans les bois de Champagne, paru en 1755. De Jaucourt en reprend de longs extraits, jusqu’à les plagier, mais en ampute toute observation protoethnographique d’estampille positive, ayant trait notamment au sentiment religieux et aux ingenium industriaque des Esquimaux. Quelles motivations politiques et idéologiques sous-tendent cette œuvre de censure au service d’une rhétorique de la sauvagerie? Pourquoi De Jaucourt – qui s’insurge contre l’esclavage et milite pour son abolition – s’abstient-il de mentionner la réduction en captivité, la conversion forcée et la domesticité imposée aux Esquimaux de la Nouvelle France?

La voce Eskimaux nell’Encyclopédie di Diderot e d’Alembert: archeologia di una dissonanza cognitiva – Nell’ambito di una concezione eurocentrica dell’umanità caratterizzata da un’unicità di essenza ma da una varietà di attributi, gli Eschimesi incarnano nell’Encyclopédie di Diderot e d’Alembert l’archetipo del Selvaggio barbaro e antropofago, «sans lois, sans police, sans religion». La presente comunicazione si propone d’inverare la genesi e l’evoluzione di tale immagine stereotipata e stigmatizzante tradita dalla vox eponima dell’Encyclopédie redatta nel 1755 dal poligrafo ed erudito Chevalier Louis De Jaucourt. Sorprende il suo approccio metodologico privo di rigore scientifico, nonché l’uso strumentale di fonti datate e di un documento anonimo in larga parte censurato, di cui abbiamo potuto identificare l’Autrice. Trattasi dell’Extrait d’une lettre de Ste Helene, du 30 Octobre 1751, où il est parlé de la nation des Efquimaux, che Madre Marie-Andrée Duplessis de Sainte-Hélène aveva indirizzato all’amica d’infanzia Marie-Catherine Homassel-Hecquet. Quest’ultima ne aveva pubblicato un estratto in appendice alla sua Histoire de Mlle Le Blanc jeune fille sauvage retrouvée dans les bois de Champagne (1755). De Jaucourt riprende, spesso plagiandoli, ampi stralci della Lettre che amputa delle osservazioni protoetnografiche di segno positivo, in primis sul sentimento religioso e sull’ingenium industriaque degli Eschimesi. Quali motivazioni politico-ideologiche sottendono quest’opera censoria al servizio della retorica della sauvagerie? Perchè De Jaucourt, che reclama l’abolizione della “tratta degli schiavi”, non menziona la riduzione in cattività, la conversione forzata e la servitù imposta agli Eschimesi della Nouvelle France?

Publiée
2021-04-09